Chronologie de la première vague d’immigration : origines et impacts
1851. Moins de 400 000 étrangers recensés sur le territoire français, soit à peine 1 % de la population. Mais le chiffre ne raconte pas tout. Très vite, face à la soif de progrès, la France cherche ailleurs les bras qu’elle ne trouve plus chez elle. L’industrialisation s’accélère, l’agriculture recrute à l’extérieur. Le pays, officiellement discret sur sa diversité, s’apprête à devenir une terre d’accueil bien plus vaste qu’il ne l’admet alors.
Les migrations s’intensifient, tiraillées par les secousses économiques, les conflits, les choix des gouvernants. Au fil des décennies, ces mouvements redessinent la société et le marché du travail, installant des changements durables que nul décret ne saurait effacer.
Plan de l'article
Comprendre les origines de la première vague d’immigration en France
Au XIXe siècle, la France se réinvente. La révolution industrielle chamboule les repères. Mines, chemins de fer, usines : partout, il faut de la main-d’œuvre. L’État et les employeurs partent en quête de travailleurs au-delà des frontières. C’est ainsi que naît la première vague d’immigration, alimentée surtout par les pays voisins.
Quelques exemples illustrent cette diversité d’origines et de métiers :
- Les Belges s’installent dans le Nord, investissant mines et exploitations agricoles.
- Les Italiens affluent dans le Sud-Est, où ils travaillent sur les chantiers ou dans les vignobles.
- Allemands, Suisses, Espagnols, puis Polonais, s’implantent dans les régions industrielles et rurales.
La France devient un point de passage, un lieu de rencontres et de brassage européen. Proximité géographique, instabilité politique en Europe, besoin d’emplois : tout converge. Les premiers migrants s’installent près des frontières, créent des communautés soudées, trouvent leur place dans une économie en pleine mutation.
Ce phénomène n’a rien d’une aventure solitaire. Il répond à une logique collective, dictée par la nécessité économique et les transformations démographiques. La population française vieillit, ne suffit plus à soutenir la croissance. Dès le XIXe siècle, la France s’impose comme une terre d’attraction, poussée par l’appel du travail et la recherche de stabilité. L’histoire des migrations s’écrit déjà dans la pluralité.
Quels facteurs ont déclenché ces premiers grands mouvements migratoires ?
Au début du XXe siècle, la France fait face à un manque criant de main-d’œuvre, aggravé par la Première Guerre mondiale. Les pertes humaines dans l’industrie et l’agriculture forcent l’État à revoir sa politique : il faut faire venir des travailleurs étrangers pour relancer le pays. Le gouvernement organise alors l’arrivée de ces nouveaux venus, en s’appuyant sur la Société Générale d’Immigration (SGI) puis sur l’Office National de l’Immigration (ONI) pour structurer et orienter les flux.
Les raisons de partir ne se limitent pas à l’économie. Les bouleversements politiques, les révolutions, les persécutions poussent aussi des populations vers la France. Les Arméniens rescapés du génocide de 1915, les Russes blancs fuyant la Révolution bolchevique, les Espagnols républicains forcés à l’exil lors de la Retirada : autant d’histoires singulières qui diversifient les visages de l’immigration.
À partir des années 1950, l’essor économique des Trente Glorieuses attire de nouveaux flux, cette fois venus du Maghreb, du Portugal et d’Afrique subsaharienne. La décolonisation transforme les relations migratoires. Puis le choc pétrolier de 1973 met un coup d’arrêt à l’immigration de travail. Désormais, le regroupement familial devient la principale porte d’entrée, signalant un basculement dans la politique migratoire.
La gestion de l’immigration fluctue au gré des conjonctures : ouverture pragmatique, puis fermeture brutale. Accueil, sélection, restriction : l’immigration avance au rythme des besoins et des peurs collectives, révélant combien la société française dépend de ces mouvements, même lorsqu’elle tente de les contenir.

Impacts sociaux, économiques et culturels : comment la France a été transformée
La première vague d’immigration a laissé une empreinte profonde. Travailleurs italiens, polonais, maghrébins, portugais : ils ont façonné les usines, les mines, les chantiers. Leur travail a porté la croissance des Trente Glorieuses, redressé les régions meurtries par la guerre, contribué à rééquilibrer la démographie. Leur présence a transformé la population, rendant la France plus urbaine, plus diverse.
Cependant, l’intégration n’a pas été un long fleuve tranquille. La xénophobie, les discriminations, les bidonvilles de la périphérie parisienne, les polémiques sur l’assimilation et la laïcité, les revendications de la Marche pour l’égalité et contre le racisme : autant de tensions qui témoignent d’un parcours semé d’obstacles, où la promesse de citoyenneté se heurte à la défiance.
Sur le plan culturel, l’influence des migrants se ressent dans la cuisine, la musique, la littérature. Les descendants d’immigrés apportent de nouveaux récits, élargissent la palette des langues, des engagements. Le musée national de l’histoire de l’immigration incarne cette reconnaissance, même si elle reste fragile et encore jeune.
La société, la politique, le droit évoluent à leur tour. Les lois Pasqua ferment l’accès à la nationalité, tandis que l’Europe ouvre l’espace Schengen à la libre circulation. Les fractures sociales, révélées par les émeutes urbaines, rappellent que les héritages de ces premières vagues pèsent encore sur le présent.
Le visage de la France s’est recomposé, morceau après morceau, au gré des arrivées et des résistances. La mémoire et le débat restent vifs : l’histoire de la première vague d’immigration n’a pas fini de questionner le pays qu’elle a contribué à bâtir.