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Animal dominant en biomasse sur Terre

Voici un chiffre qui ne ressemble à aucun autre : près de 60 % de la biomasse animale sur Terre se compose d’animaux d’élevage, principalement des bovins et des porcs. Les animaux sauvages, eux, n’atteignent même pas 4 % de la masse totale des vertébrés terrestres, tandis que la biomasse humaine surpasse de loin celle de tous les mammifères sauvages réunis.

Ce déséquilibre tranche radicalement avec ce que la faune sauvage représentait autrefois. Il raconte, en creux, la métamorphose profonde de nos écosystèmes : l’activité humaine bouleverse non seulement qui domine, mais aussi la façon dont la vie s’organise sur la planète.

La biomasse sur Terre : comprendre ce qui pèse vraiment dans le vivant

Lorsqu’on observe la répartition de la biomasse sur Terre, les chiffres déjouent les attentes et bousculent les images qu’on se fait du vivant. Les chercheurs, en analysant la masse totale des grands groupes, ont mis en lumière le poids démesuré des plantes : arbres imposants, tapis d’herbes, simples mousses, tout cela représente près de 80 % de la biomasse terrestre, soit environ 450 milliards de tonnes de carbone. Face à cette domination végétale, les animaux, humains inclus, paraissent minuscules.

Dans l’ombre de cette immensité verte, une armée discrète prend une place colossale : micro-organismes, bactéries, champignons, archées. Leur masse totale dépasse largement celle des animaux. Ils assurent le recyclage du carbone, transforment et décomposent sans relâche, permettant la circulation de la matière à travers tous les écosystèmes. Leur présence, invisible mais décisive, façonne l’équilibre du vivant.

Groupe Biomasse (milliards t C)
Plantes ~450
Bactéries ~70
Animaux ~2

Cette répartition met les choses au clair : la Terre est avant tout verte et peuplée d’organismes invisibles. Les animaux, malgré leur apparente omniprésence, forment le groupe le plus discret en masse. L’espèce humaine occupe une tranche bien mince à l’échelle du vivant, loin derrière les géants silencieux que sont les arbres ou les bactéries.

Animaux sauvages, domestiques et humains : qui occupe la place dominante ?

En se focalisant sur la biomasse animale, un bouleversement apparaît. Les animaux sauvages ont été largement relégués au second plan par l’humain et les espèces qu’il a domestiquées. Les mammifères d’élevage, bœufs, porcs, moutons, constituent près de 60 % de la masse totale, les humains 36 %, et la faune sauvage tout juste 4 %.

Pour prendre conscience de ce déséquilibre, voici les ordres de grandeur en présence :

  • Mammifères sauvages : environ 4 %
  • Mammifères d’élevage : près de 60 %
  • Humains : 36 %

La tendance ne s’arrête pas chez les mammifères. Chez les oiseaux, les espèces domestiques, en particulier la volaille destinée à l’alimentation, pèsent bien plus lourd que toutes les populations sauvages rassemblées. Sur les continents, les poulets et autres gallinacés surpassent la majorité des oiseaux libres. Dans les océans, la multitude d’espèces marines conserve une relative diversité, mais le poids des animaux marins reste modeste comparé aux chiffres enregistrés sur terre.

Ce bouleversement se lit partout : dans les pâturages, les fermes industrielles, et même dans les espaces naturels que l’humain façonne à son image. Le règne animal, aujourd’hui dominé par l’élevage et l’humain, relègue la faune sauvage loin du centre de la scène biologique.

Fourmilière souterraine avec fourmis et reine

Répartition actuelle, pressions humaines et enjeux pour la biodiversité de demain

La carte de la biomasse terrestre expose l’ampleur des transformations en cours. Non seulement les frontières du vivant ont bougé, mais l’équilibre global lui-même a été chamboulé. Les populations de mammifères sauvages, centrales dans le passé, se sont effondrées ; les pâturages et cultures extensives occupent désormais la place autrefois réservée à la diversité naturelle. La biomasse végétale s’étiole sous les coups de la déforestation et du développement agricole, réduisant peu à peu la capacité des écosystèmes à se renouveler.

Les conséquences s’observent déjà. Dans toutes les zones du globe, on constate la disparition rapide de nombreuses espèces, la destruction de leurs habitats, et une pression agricole qui concentre la vie autour d’une poignée d’espèces très productives. Ce phénomène menace des mécanismes fondamentaux tels que la pollinisation, la fertilité des sols, la régulation du climat. À mesure que la diversité s’efface, la résistance naturelle des écosystèmes s’affaiblit et le vivant devient plus vulnérable aux crises.

Le portrait du monde vivant a changé de couleurs. Face à ce constat, l’enjeu tient dans la capacité à préserver, un tant soit peu, l’imprévu, la fécondité et la richesse des formes du vivant. Car ce n’est plus seulement le poids sur la balance qui compte, mais la possibilité pour la vie de continuer à surprendre et à s’inventer, au cœur de cette planète métamorphosée.